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Facebook et Amazon à l’offensive sur les droits sportifs, l’e-sport en train de s’imposer chez les 18-25 ans, des pratiques sportives individuelles en pleine mutation : le monde du sport est touché à son tour par l’onde de choc numérique. Ce sera l’objet d’un colloque organisé par « Le Monde » et Sète-Agglopôle le 1er février.

Par JEAN-PIERRE GONGUET
Le Monde

Temps de lecture : 2 min

« L’économie du sport est une économie à part entière. Mais elle est aussi une économie entièrement à part. » L’économiste Nathalie Sonnac, l’une des six conseillers du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), étudie minutieusement l’évolution des droits sportifs télévisuels. Un marché de 1,45 milliard d’euros en France, mais un fonctionnement économique très peu conventionnel, parfois irrationnel et déstabilisant pour les clubs et fédérations.

« L’économie du sport est fondée sur des monopoles, c’est la seule économie de ce type, rappelle l’économiste François Lévêque. Les possesseurs de droits n’ont qu’un seul souci : tirer de leurs monopoles la plus forte rente possible avec des systèmes d’enchères de plus en plus efficaces. Le candidat, lui, doit miser en fonction du profit qu’il espère. C’est étrange et risqué puisqu’on mise ante tout le profit espéré ex post. »

Les chaînes de télé traditionnelles ont déjà vu les droits de diffusion de la Premiere League au profit de SFR. OLI SCARFF / AFP

Le candidat espère surtout qu’il a correctement anticipé la capacité du spectateur à payer de plus en plus cher car, en fin de compte, c’est bien l’abonné qui paie tout. Ce système génère l’inflation des droits : le spectacle sportif prend constamment de la valeur et à chaque vente de droits, de nouveaux entrants apparaissent. Chaque fois plus riches. Chaque fois prêts à miser plus. Et les anciens sortent : France Télévisions ne pourra pas plus s’offrir les Jeux olympiques de 2024 à Paris que TF1, la Coupe du monde de football 2022 au Qatar.

Ceux qui ont le plus d’abonnés et de clients, les « GAFA », pourraient leur damer le pion. Les ligues professionnelles ou fédérations internationales espèrent que Google, via YouTube, Facebook, Twitter ou encore Amazon, via Amazon Prime, seront les prochains entrants : eux seuls ont désormais les poches assez profondes pour s’offrir la Premier League, la Ligue des champions ou les Jeux.

L’e-sport aux Jeux olympiques ?

Ils sont déjà présents un peu partout, du tennis au football, tâtent le terrain sur des sports anciens comme le cricket ou de nouvelles disciplines comme League of Legends, version e-sport du célèbre jeu vidéo, nouent des partenariats et attendent vraisemblablement de mettre la main sur quelques événements mondiaux qui les intéressent au plus haut chef. Les GAFA peuvent bouleverser à leur tour le sport, et les clubs et fédérations n’auront d’autre choix que de s’y adapter. Ce sera l’une des thématiques abordées lors du colloque sur « Les révolutions du sport » que Le Monde et Sète-Agglopôle organisent, jeudi 1er février, à Sète, dans l’Hérault.

Ces géants du numérique ont ainsi pris des positions très fortes dans les sports émergents. Le chinois Tencent, numéro un mondial du jeu vidéo, va investir 15 milliards de dollars (12,2 milliards d’euros) dans l’e-sport. La raison ? Les 18-25 ans ont, dans le monde en 2017, regardé plus de compétitions d’e-sport que de sports dits « traditionnels ». Du PSG à Orange, tout le monde veut en être et la première chaîne de télévision e-sport vient d’être lancée en France.

Le Comité international olympique se pose même la question d’introduire ces nouvelles disciplines aux Jeux, ce qui serait un sérieux bouleversement des valeurs olympiques. C’est que de l’e-sport au running en passant par le futsal, les nouvelles pratiques prennent chaque jour davantage le pas sur les anciennes. D’Adidas à Redbull, chacun organise ses compétitions propres et monte ses clubs. En dehors des circuits classiques le plus souvent. Là aussi, il va falloir s’adapter.

Pour s’inscrire au forum « Les révolutions du sport » : rencontres-sete-agglo.eventbrite.fr. Entrée gratuite, mais inscription obligatoire.

http://mobile.lemonde.fr/sport/article/2018/01/23/le-sport-saisi-par-la-fievre-numerique_5246026_3242.html